Comment fait-on pour comptabiliser les crédits carbone ? 

Un crédit carbone correspond à une tonne de CO₂ évitée, réduite ou séquestrée grâce à un projet répondant à des critères stricts. Ces unités permettent aux entreprises et collectivités de compenser leurs émissions résiduelles en finançant des initiatives climatiques certifiées. L’objectif : agir concrètement pour limiter le dérèglement climatique tout en soutenant des projets ayant un impact positif sur l’environnement et les communautés locales.

Pour être reconnu, chaque crédit doit respecter des critères fondamentaux :

  • la mesurabilité, pour garantir que les réductions sont quantifiées avec précision ;
  • la permanence, pour assurer la durabilité des effets dans le temps ;
  • l’unicité, afin d’éviter tout double comptage ;
  • et l’additionnalité, qui prouve que ces actions n’auraient pas été réalisées sans le financement apporté par les crédits carbone.

1. Calcul du carbone séquestré : quels principes de base ?

Le calcul du carbone séquestré repose sur un processus rigoureux qui garantit des résultats fiables et mesurables. Ce processus repose sur plusieurs composantes fondamentales :

  • Un scénario de référence qui permet d’estimer la quantité de carbone captée dans une zone donnée sans l’intervention du projet. Ce cadre est crucial pour démontrer l’additionnalité des résultats, assurant que la séquestration ou la réduction des émissions provient directement de l’intervention du projet.
  • Des méthodologies validées : selon le type de projet (agricole ou forestier), des méthodologies spécifiques telles que la mesure de la biomasse aérienne et racinaire, l’analyse des sols ou l’utilisation de modèles agronomiques sont appliquées pour évaluer précisément le carbone séquestré.
  • Des labels de certification qui valident ces méthodologies et assurent qu’elles sont conformes aux standards de qualité rigoureux nécessaires pour garantir la crédibilité des crédits carbone.
  • Des audits réalisés par des organismes indépendants accrédités. Ils vérifient que les actions entreprises respectent les critères des labels et que les résultats sont fiables et conformes aux attentes.

 2. Focus sur le principe du scénario de référence

Fonctionnement du calcul

Le calcul du crédit carbone repose sur une comparaison entre deux scénarios : celui de référence et celui du projet. Le scénario de référence, ou ligne de base, représente l’empreinte carbone actuelle de l’exploitation agricole ou du projet avant toute intervention. Il simule la quantité d’émissions de gaz à effet de serre (GES) qui se produiraient sans le projet, en tenant compte des pratiques et des conditions existantes. Ce scénario sert à déterminer ce qu’il se serait passé si aucune action n’avait été prise.

Le scénario de projet, quant à lui, décrit l’impact des actions mises en place pour réduire l’empreinte carbone, comme la modification des pratiques sylvicoles ou agricoles, la gestion des sols ou l’utilisation de nouvelles technologies. Le calcul des crédits carbone repose sur la différence entre les émissions prévues dans le scénario de référence et celles observées avec l’action du projet.

Comment estimer la séquestration carbone permise par le projet ?

Cela passe par l’évaluation des actions concrètes mises en œuvre et de leur efficacité. Après avoir comparé les émissions des deux scénarios, la différence représente les réductions ou la séquestration de carbone attribuées au projet. Cette différence justifie la génération des crédits carbone, qui sont accordés pour chaque tonne de CO₂ évitée ou séquestrée.

Les crédits carbone sont attribués uniquement si le projet démontre une réduction effective des émissions par rapport à la situation de référence. Ce processus assure l’additionnalité du projet, c’est-à-dire qu’il prouve que les réductions d’émissions ou la séquestration n’auraient pas eu lieu sans l’intervention du projet, garantissant ainsi que les actions entreprises ont un impact tangible sur le climat.

3. Quand faut-il auditer un projet de contribution carbone ?

Les audits des projets carbone valident les résultats et confirment que les actions menées respectent les normes établies. Réalisés par des organismes indépendants accrédités, ils vérifient la conformité du projet avec les critères des labels de certification, et s’assurent de la bonne mise en œuvre des actions.

  • Avant le lancement : un premier audit examine la méthodologie, les critères du Label Bas-Carbone ou d’autres standards, ainsi que la faisabilité du projet. Ce contrôle préliminaire valide la cohérence du scénario de référence et des calculs prévisionnels.
  • À mi-parcours (généralement à 5 ans) : un audit intermédiaire évalue les résultats obtenus, compare les actions réalisées aux prévisions initiales et propose, si nécessaire, des ajustements pour optimiser les bénéfices climatiques.
  • Au terme de la période définie (souvent 30 ans) : un audit final vérifie que les résultats escomptés – qu’il s’agisse de réductions d’émissions ou de séquestration – ont bien été atteints et maintenus sur le long terme.

Les audits peuvent être réalisés soit par un contrôle documentaire, soit une visite sur site, ou une combinaison des deux, selon les critères de chaque projet.

4. Comment se calculent concrètement les crédits carbone ?

Le calcul des crédits carbone repose sur des méthodes spécifiques qui permettent d’évaluer de manière précise les réductions d’émissions ou la séquestration de carbone réalisées par un projet. Les projets de contribution carbone dans les secteurs forestier et agricole utilisent des méthodologies distinctes, adaptées à chaque type d’action entreprise, afin de garantir la fiabilité des résultats et la conformité avec les standards établis.

Les deux méthodes validées pour les projets de contribution carbone forestière :

  • Le boisement : Il consiste à planter des arbres sur des terrains non forestiers, augmentant ainsi la couverture forestière et la captation du CO₂.
  • La restauration de peuplements forestiers dégradés (reboisement) : Cette méthode vise à réhabiliter les forêts endommagées ou malades, renforçant leur rôle de puits de carbone et améliorant la biodiversité.

En savoir plus : Projets carbone forestiers : leviers phares d’une stratégie carbone durable ?

Les méthodes validées pour les projets agricoles :

Les méthodes de calcul de la séquestration du carbone dans l’agriculture incluent plusieurs pratiques ciblées.

  • CarbonAgri se concentre sur l’amélioration des cultures et de l’alimentation des troupeaux, tout en réduisant l’usage d’engrais et d’énergie.
  • La gestion durable des haies bocagères, par exemple, permet d’augmenter la capture de carbone.
  • Le projet de plantation de vergers d’arbres fruitiers apporte à la fois biodiversité et séquestration de carbone.
  • D’autres méthodes comme SOBAC’ECO TMM visent à réduire l’usage d’intrants agricoles tout en maintenant les rendements, tandis qu’Ecométhane s’attaque aux émissions de méthane dans les élevages de bovins laitiers.

En savoir plus : Tout ce qu’il faut savoir sur le Label bas-carbone en agriculture

Tilleul, essence privilégiée dans les projets carbone forestiers

5. Zoom sur les organismes de certification

En France : le Label bas-carbone

Le Label bas-carbone est un référentiel de qualité, créé par le Ministère de la Transition Écologique [1], pour certifier les projets de réduction des émissions de gaz à effet de serre (GES). Il garantit que les projets respectent des critères stricts et mesurables, ce qui assure leur efficacité dans la lutte contre le changement climatique. L’objectif principal de ce label est de faciliter le financement de projets à faible émission de carbone, dans le cadre des engagements climatiques de la France, notamment ceux visant la neutralité carbone d’ici 2050.

L’attribution du label repose sur l’application de méthodologies rigoureuses, validées par des experts du secteur. Ces méthodologies précisent les étapes, les critères et les indicateurs utilisés pour évaluer la réduction des émissions ou la séquestration du carbone. Cela comprend la quantification des réductions d’émissions, la vérification de l’additionnalité et l’analyse des impacts environnementaux et socio-économiques. Le label assure ainsi que les projets labellisés contribuent effectivement à la réduction des émissions et sont en ligne avec les objectifs climatiques mondiaux.

À l’international : Verra, Gold Standard, Huella de carbono

Verra

Le Verified Carbon Standard (VCS), administré par Verra depuis 2008, est l’une des normes les plus largement adoptées à l’échelle mondiale. Il représente près de 80 % des projets certifiés dans le Marché Volontaire du Carbone et couvre une vaste gamme de secteurs, notamment l’agriculture, la foresterie et l’utilisation des terres.  En 2023, une enquête du Guardian [2] a révélé que plus de 90 % des crédits forestiers certifiés par Verra n’avaient pas conduit à des réductions réelles d’émissions, les qualifiant de « crédits fantômes ». En réponse, Verra a renforcé ses processus de certification et mis en place des initiatives pour améliorer la rigueur de sa stratégie de gestion du carbone forestier.

Gold Standard

Créé en 2003 par le WWF, le Gold Standard est une initiative qui vise à garantir que les projets de contribution carbone génèrent des bénéfices pour les communautés locales. Il se distingue en exigeant que les projets contribuent également à des objectifs de développement durable, en plus de réduire les émissions de gaz à effet de serre.

Registro Huella de Carbono

Utilisé principalement en Espagne, Huella de Carbono évalue et réduit l’empreinte carbone des entreprises et projets à l’aide de méthodologies adaptées à chaque secteur.

Ce  label exige la publication de documents détaillant la description du projet, la méthodologie et la vérification des émissions.  Enfin, une certification par des organismes indépendants est requise pour valider la viabilité du projet.

6. La méthode Oklima : une quantification carbone transaprente, au service du climat et de la biodiversité

Oklima accompagne les porteurs de projets forestiers en garantissant un financement fiable et en assurant la certification des crédits carbone. Nous respectons scrupuleusement les critères des labels de référence et ajoutons des exigences supplémentaires pour garantir la réussite des plantations et la viabilité des crédits carbone générés.

Un financement pensé pour la pérennité des projets

Le financement proposé par Oklima repose sur la valorisation du carbone stocké par la forêt et couvre :

▶️ La préparation des sols

▶️ Les plants et la plantation

▶️ La clôture des parcelles

▶️ L’entretien sur les cinq premières années

▶️ Le regarni et le remplacement des plants

▶️ La protection contre le gibier

Le montant dépend de plusieurs facteurs, à savoir les essences plantées, la fertilité du terrain et les coûts opérationnels. Nous privilégions un financement renforcé en début de projet pour assurer l’atteinte des critères d’audit à 5 ans et garantir ainsi la solidité des crédits carbone obtenus.

Une approche conforme aux standards les plus exigeants

En France, nous suivons les lignes directrices du Label Bas Carbone, en appliquant la version 3 des méthodes « Boisement » et « Restauration de peuplements forestiers dégradés » [3]. Cette révision introduit :

  • Des critères renforcés pour la biodiversité et la diversification des essences
  • Une éligibilité élargie aux plantations en semis ou par placeaux
  • La possibilité de projets collectifs
  • Une meilleure prise en compte des co-bénéfices environnementaux et socio-économiques

Des engagements clairs pour assurer la qualité

Les porteurs de projet accompagnés par Oklima s’engagent à :

  • Respecter les lois et la méthodologie du Label Bas Carbone
  • Maintenir l’état boisé sur 30 ans minimum
  • Planter les essences prévues et garantir un taux de reprise conforme aux arrêtés régionaux
  • Assurer un suivi rigoureux pendant 5 ans après la plantation et informer Oklima de l’évolution du projet
  • Accepter les audits et permettre des visites de sensibilisation sur les parcelles.

Un suivi rigoureux, en France et à l’international

Les projets internationaux financés par Oklima font l’objet d’un cahier des charges précis et d’un contrôle sur site. Un suivi continu permet de s’assurer de la qualité des actions menées et de garantir la crédibilité des crédits carbone issus de ces projets.

Ressources

Projets de séquestration Vs évitement : quelle est la différence ?

Principale cause du dérèglement climatique, le CO₂ ou dioxyde de carbone est un gaz à effet de serre posant des défis majeurs. Et pour cause, ce gaz, dont les niveaux ne cessent d’augmenter dans l’atmosphère, exacerbe l’effet de serre naturel, entrainant notamment la hausse des températures et l’augmentation du niveau de la mer.

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Ressources

Mise en œuvre de la CSRD : source d’opportunités pour la biodiversité ?

En déclin depuis plusieurs années en raison des activités humaines, la biodiversité est récemment devenue un enjeu central des débats environnementaux, financiers et sociaux. En effet, une récente étude de la Banque Centrale Européenne (BCE) révèle que 75 % des prêts accordés sont destinés à des entreprises dont la dépendance à la biodiversité est cruciale.

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7. Comment valoriser les crédits carbone dans un rapport extra-financier ?

La CSRD (Corporate Sustainability Reporting Directive), entrée en vigueur en 2024, impose aux grandes entreprises européennes de publier des informations détaillées sur leur impact environnemental, social et de gouvernance. À terme, cette directive concernera près de 50 000 entreprises dans l’UE, bien au-delà des 11 600 entreprises soumises.

Même les entreprises non encore concernées ont intérêt à structurer dès maintenant leur reporting extra-financier. En effet, intégrer des crédits carbone dans cette démarche permet d’ anticiper les futures obligations réglementaires, d’améliorer la transparence et de valoriser les actions concrètes en faveur du climat.

Sélectionner des crédits certifiés

Les crédits carbone doivent être issus de labels reconnus, garantissant leur robustesse et leur traçabilité : Label Bas Carbone, Gold Standard, Verra. Une certification douteuse  peut ne pas refléter une réduction effective des émissions. Il est donc essentiel de préciser :

  • L’organisme certificateur et la méthodologie employée.
  • Le type de projet financé : reforestation, boisement, stockage de carbone dans les sols, énergies renouvelables.
  • Le volume exact de crédits achetés et la période couverte.

Expliquer la méthodologie utilisée

Un rapport extra-financier doit démontrer la fiabilité du calcul des réductions d’émissions. Pour cela, il faut préciser :

  • Le scénario de référence (par exemple : les émissions d’une parcelle non boisée).
  • La comparaison avec le scénario du projet (exemple : les tonnes de CO₂ séquestrées après reboisement).
  • La méthode de quantification utilisée (mesure directe ou modélisation).
  • Les audits réalisés et l’organisme vérificateur.

Mettre en avant les projets soutenus

Un reporting extra-financier pertinent va au-delà du simple achat de crédits et doit démontrer une contribution plus large :

  • Quels co-bénéfices sont associés ? (par exemple : biodiversité, emploi local…)
  • Quel impact sur le long terme ? (captation de X tonnes de CO₂ sur 30 ans, taux de survie des plantations après X ans…).

L’intégration des crédits carbone dans un rapport extra-financier renforce la crédibilité des engagements climatiques, tout en préparant l’entreprise aux exigences croissantes de transparence.  Oklima vous accompagne dans cette démarche avec des solutions certifiées et adaptées à vos engagements.

Notes de référence :

[1] Ministère de la transition écologique, de l’énergie, du climat et de la prévention des risques : Qu’est-ce que le Label bas-carbone ?

[2] The Guardian : Revealed: more than 90% of rainforest carbon offsets by biggest certifier are worthless, analysis shows

[3] Ministère de la Transition écologique, de l’énergie, du climat et de la prévention des risques : Présentation des méthodes du Label bas-carbone