Stratégie Biodiversité 2030 : feuille de route pour régénérer le vivant 

Face à l’accélération sans précédent de la dégradation des écosystèmes, la Stratégie Biodiversité 2030 [1] traduit l’engagement de la France à préserver son patrimoine naturel et inverser l’érosion de la biodiversité. Adoptée en 2022, cette feuille de route s’aligne sur des engagements internationaux, notamment l’accord de la COP15 à Montréal, qui vise à protéger 30 % des terres et des mers d’ici 2030 [2]. L’objectif : renforcer la résilience des écosystèmes tout en intégrant des pratiques durables dans l’économie et les activités humaines.

La biodiversité soutient des écosystèmes essentiels pour de nombreux secteurs comme l’agriculture, la pêche, la pharmacie et le tourisme. Sa dégradation fragilise les chaînes d’approvisionnement et génère des coûts croissants pour les entreprises. La perte de milieux naturels et l’extinction d’espèces menacent la stabilité des services écosystémiques, tels que la pollinisation et la régulation des ressources en eau. Dans ce contexte, l’engagement des acteurs économiques est crucial pour atteindre les objectifs de cette stratégie.

Pourquoi la Stratégie Biodiversité 2030 est un impératif pour la préservation des écosystèmes ?

Alors que la France abrite 10 % de la biodiversité mondiale [3], elle est confrontée à des pressions croissantes. En effet, près de 80 % de ses habitats naturels sont en mauvais état selon un rapport réalisé par l’Observatoire Nationale de la Biodiversité. Les zones humides et les milieux aquatiques sont parmi les écosystèmes les plus dégradés, avec seulement 6 % des habitats en bon état [4]. Cette perte importante de la biodiversité a des répercussions directes sur l’économie :

  • insécurité alimentaire,
  • déclin des services écosystémiques,
  • augmentation des coûts pour les entreprises.

L’érosion de la biodiversité compromet alors la durabilité des activités agricoles, la résilience des écosystèmes forestiers et marins, et la gestion des espaces naturels sensibles. Face à ce constat, la Stratégie Biodiversité 2030 devient un levier indispensable pour allier préservation des ressources naturelles et développement durable. En définissant des objectifs quantifiables comme la restauration des habitats naturels, la protection des espèces menacées et la gestion durable des milieux naturels, cette stratégie vise à réduire les impacts négatifs des activités humaines et à soutenir une économie plus résiliente face aux défis environnementaux.

Quels sont les objectifs de la Stratégie Biodiversité 2030?

Papillon sur une fleur, un pollinisateur essentiel régénération des écosystèmes pour la préservation de la biodiversité.

Ce plan d’action national poursuit des résultats précis et mesurables :

  • Restaurer 30 % des habitats naturels dégradés pour inverser la tendance, en ciblant des écosystèmes clés comme les zones humides, les forêts et les habitats marins. Cela se traduit notamment par la restauration de 50 000 hectares de zones humides d’ici 2026 ou la création d’un nouveau parc national dédié aux zones humides d’ici 2030 [5].
  • Atteindre le zéro artificialisation nette d’ici 2050, en freinant la déforestation et la perte d’espaces protégés, tout en réhabilitant les espaces déjà artificialisés. Cela nécessite une série d’actions complémentaires, entre autres la division par deux de la consommation d’espaces naturels, agricoles et forestiers d’ici 2030, ce qui permettrait de préserver 120 000 hectares par an [6].
  • Renforcer les synergies entre acteurs publics et privés, pour intégrer des pratiques durables à tous les niveaux, grâce à des collaborations renforcées et une gestion partagée des ressources. Par exemple, le programme « Engagés pour la nature » de l’OFB incite les entreprises à intégrer des actions concrètes pour la biodiversité, en mutualisant ressources et bonnes pratiques [7].

Ces actions combinent développement économique, préservation des milieux naturels et conservation des espèces, en priorisant une gestion responsable des espaces verts. Pour atteindre ces ambitions, la Stratégie Biodiversité 2030 doit s’appuyer sur des leviers externes majeurs et des cadres internationaux, tels que la CSRD et l’accord de la COP15.

CSRD et COP15 : des accélérateurs pour la stratégie 2030

L’adoption de la CSRD par l’Union européenne et l’accord historique de la COP15 en 2022 viennent renforcer la Stratégie Biodiversité 2030. La CSRD impose aux entreprises de rendre compte de leur impact sur la biodiversité et des risques associés, grâce aux ESRS (European Sustainability Reporting Standards), qui sont des normes de reporting extra-financier strictes. La double matérialité, qui en découle, oblige les entreprises à évaluer à la fois leur impact sur la biodiversité et l’impact que sa dégradation pourrait avoir sur leurs activités. Cette transparence redéfinit la performance durable des entreprises et implique la mise en place d’un plan d’action to ut en soutenant la préservation des espèces menacées et la gestion des milieux naturels.

La COP15, quant à elle, structure les politiques nationales en matière de biodiversité avec un objectif de protection de 30 % des terres et des mers d’ici 2030. Cette initiative internationale vise à coordonner les efforts mondiaux pour restaurer les écosystèmes et favoriser la conservation de la nature. L’alignement entre la Stratégie Biodiversité 2030 et la COP15 permet d’établir une feuille de route cohérente et de renforcer la coopération entre les acteurs privés et publics pour préserver les espaces protégés.

La loi de 2016 pour la reconquête de la biodiversité: les principes, apports et limites

Adoptée en 2016 [8], cette loi a posé les bases de la préservation de la biodiversité en France, mais son application reste inégale, en raison de disparités dans les ressources allouées aux territoires et des retards dans la publication de certains décrets nécessaires à son opérationnalisation [9]. Voici les apports majeurs et les limites :

➡️ Principes clés de la loi

  • La solidarité écologique assure la préservation de la biodiversité pour l’ensemble des écosystèmes, prenant en compte les relations entre espèces et environnement.
  • La non-régression environnementale empêche la diminution des protections existantes.

➡️ Outils mis en place

  • La séquence ERC (éviter, réduire, compenser) encadre les projets d’aménagement en réduisant les impacts environnementaux et en compensant ceux qui demeurent.

➡️ Défis à surmonter

  • La mise en œuvre reste inégale et a conduit à des disparités dans l’application de la loi.
  • L’adoption par les acteurs privés reste limitée, malgré des objectifs clairs, et ce en raison de la complexité des démarches administratives, de l’absence d’incitations financières et du manque de sensibilisation [10].

La Stratégie Biodiversité 2030 repose sur ces bases tout en apportant des solutions concrètes pour une gestion durable des espaces naturels et la préservation des zones sensibles.

Main tenant une jeune plante en terre, illustrant la loi 2016 pour la reconquête de la biodiversité

État des lieux à mi-parcours de la Stratégie biodiversité 2030

À mi-parcours, la Stratégie Nationale Biodiversité 2030 montre des avancées notables [11] :

  • renforcement des continuités écologiques grâce au développement des trames vertes et bleues sur tout le territoire français, avec une intégration spécifique dans les Schémas Régionaux d’Aménagement et de Développement Durable (SRADDET) de chaque région [12].
  • restauration de zones humides et milieux aquatiques à l’étang de Cousseau en Gironde, en Camargue ou encore dans le Marais poitevin qui ont bénéficié de projets visant à améliorer la qualité de l’eau, restaurer les écosystèmes et préserver la biodiversité spécifique à ces milieux.
  • Objectif de protéger 30 % des terres et des mers atteint, avec 33 % des espaces marins et 31 % des espaces terrestres désormais protégés

Ces efforts s’accompagnent d’un soutien accru aux acteurs locaux pour dynamiser les initiatives territoriales.,

Cependant, la Stratégie Biodiversité 2030 fait face à plusieurs défis considérables, soulignés à l’issue de la COP16 [13]. Plus de 56 % des 2 857 espèces menacées d’extinction en France ne bénéficient d’aucune protection réglementaire [14], ce qui expose de nombreuses espèces et habitats à un risque accru de destruction. Ce constat met en lumière l’importance de renforcer la couverture légale pour ces espèces d’ici 2026, comme souligné par les analyses de l’UICN France [15] et les objectifs de la Stratégie Biodiversité 2030, qui appellent à une révision des outils réglementaires

Les entreprises occupent une position clé dans la préservation de la biodiversité, à la fois par leur dépendance aux écosystèmes et leurs impacts sur le vivant. La Stratégie Nationale Biodiversité 2030 leur attribue un rôle majeur dans la mise en œuvre d’actions concrètes. L’initiative « Roquelaure des entreprises et de la biodiversité », lancée en 2023, a mobilisé des filières comme l’agroalimentaire, le textile ou l’énergie. Elle a permis d’identifier des facteurs de pression spécifiques et d’élaborer 150 propositions, incluant des plans de transition biodiversité, des formations internes et l’intégration de ces enjeux dans la gouvernance des entreprises.

Ces recommandations visent à réduire les pressions sur les écosystèmes tout en soutenant des pratiques économiques durables. Parmi les mesures concrètes, on retrouve :

  • la diminution des intrants chimiques dans l’agriculture,
  • le développement d’outils de traçabilité dans le textile
  • ou la promotion de solutions fondées sur la nature via des partenariats public-privé.

Ce cadre collaboratif accompagne les entreprises dans leur transformation et renforce leur contribution à la restauration des écosystèmes et à la préservation du vivant.

En parallèle, le Label Bas-Carbone permet de financer des initiatives visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre tout en soutenant la biodiversité. Ces projets incluent des actions telles que la création et la gestion durable des écosystèmes forestiers ou l’adoption de pratiques agroécologiques. Ils renforcent les puits de carbone, générant ainsi des crédits carbone que les entreprises peuvent acquérir pour compenser leurs émissions.

Lorsqu’ils intégrent des critères écologiques stricts, ces projets contribuent à la restauration des habitats naturels, à l’amélioration de la qualité des sols et au renforcement de la résilience des écosystèmes. En soutenant ces initiatives bas-carbone de qualité, les entreprises contribuent non seulement à atténuer le dérèglement climatique, mais aussi à préserver des espaces vitaux pour la biodiversité.

Oklima : acteur engagé pour la biodiversité et le climat

Spécialisée dans le développement de projets à forte valeur environnementale, Oklima aide les entreprises à mettre en place des solutions concrètes et mesurables, en adéquation avec la Stratégie Biodiversité 2030. En collaborant avec des labels reconnus tels que le Label Bas Carbone et le Gold Standard, elle assure transparence et durabilité.  Son action inclue des projets de création d’écosystèmes forestiers, de restauration de forêts dégradées et d’agriculture et d’agroforesterie durables.

Notes de référence :

[1] Biodiversité.gouv : La Stratégie nationale biodiversité

[2] Nations Unies : Accord historique sur la biodiversité à la COP15

[3] Ministères de l’aménagement du territoire et des transitions écologiques : Biodiversité : présentation et enjeux

[4] France Nature Environnement : Restauration de la nature : une victoire historique​.

[5] Biodiversité.gouv : La Stratégie nationale biodiversité

[6] Biodiversité.gouv : Les objets phares de la Stratégie nationale pour la biodiversité 2030

[7] Office français de la biodiversité : Engagés pour la nature : les clefs pour passer à l’action

[8] Vie Publique : Loi du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages

[9] France Nature Environnement : Loi Biodiversité : où en sommes-nous des décrets d’application ?

[10] France Nature Environnement : Ibid.

[11] Ecologie.gouv.fr : Stratégie nationale Biodiversité 2030 : 1 an de mobilisation de l’État et de la société

[12] Bulletin de l’association de géographes français : La Trame verte et bleue des Hauts-de-France, un outil d’aménagement écologique des territoires

[13] Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE) et l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) : Rapport sur la planète protégée 2024  

[14]Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) : Plus de la moitié des espèces menacées de disparition en France ne bénéficient pas d’un statut de protection

[15] UICN : Couverture des espèces menacées par des arrêtés de protection : analyse et recommandations pour la France