Enjeux économiques, sociaux et environnementaux pour les grandes cultures
Entre charges et opportunités : quels leviers pour agir ?
Les investissements nécessaires à la transition vers des pratiques moins émissives représentent souvent un frein majeur pour les exploitants. En effet, selon une étude réalisée par The Shift Project en décembre 2024, 81% des agriculteurs interrogés estiment que le verrou financier est un frein à l’adoption de nouvelles pratiques et 87% posent une condition financière pour s’engager ou accélérer leur transition [7].
L’acquisition de matériel spécialisé pour le semis direct, les équipements de fertilisation de précision ou les outils de mesure peuvent nécessiter des investissements conséquents. Ces coûts initiaux doivent être mis en balance avec les économies réalisées à moyen terme sur les intrants et la mécanisation.
Les politiques publiques jouent un rôle déterminant dans l’accompagnement de cette transition. La Politique Agricole Commune (PAC) intègre progressivement des mesures incitatives pour les pratiques favorables au climat, notamment à travers les éco-régimes et les mesures agro-environnementales. Les marchés du carbone émergents offrent également de nouvelles perspectives de valorisation des efforts de réduction des émissions, bien que leur développement reste encore limité.
De même, la stratégie nationale bas carbone (SNBC), dont la France s’est dotée en 2015, promeut la réduction des émissions de gaz à effet dans le secteur agricole ainsi que le développement de l’agroécologie et de l’agriculture de précision [1]. Dans le cadre de la Stratégie nationale bas-carbone, la SNBC-2 fixe un budget carbone de 71 MtCO₂e. Le projet de SNBC-3, soumis à concertation en novembre 2024, prévoit une réduction supplémentaire de ce plafond à 67 MtCO₂e. À titre de comparaison, les émissions moyennes observées entre 2019 et 2023 s’élevaient à 79 MtCO₂e [8].
Dans cette optique de réduction, le label bas-carbone apporte des financements pour les agriculteurs souhaitant mettre en place des pratiques agricoles plus respectueuses du climat, réduisant les émissions de gaz à effet de serre ou augmentant le stockage de carbone dans les sols. La labellisation des projets reconnaît officiellement les efforts réalisés sur l’exploitation.
Adoption des pratiques agroécologiques : un enjeu de taille pour réduire les émissions agricoles
L’accompagnement au changement constitue un enjeu crucial pour la généralisation des pratiques agroécologiques. La transition technique s’accompagne souvent d’une période d’apprentissage durant laquelle les performances peuvent être dégradées. Un accompagnement technique renforcé, incluant formation, conseil et suivi, est indispensable pour sécuriser cette phase de transition.
Les coopératives et les instituts techniques jouent un rôle central dans l’accompagnement des agriculteurs. Ils développent des références techniques adaptées aux conditions locales, organisent des formations et assurent le transfert de connaissances entre pairs. Cette fonction d’interface entre la recherche et le terrain est essentielle pour l’adoption de nouvelles pratiques.
Les coopératives assurent également la liaison entre les agriculteurs et les acteurs du marché de la contribution carbone, en les soutenant dans le développement et la mise en œuvre de projets bas carbone au sein de leurs exploitations.
Ces acteurs facilitent la valorisation des réductions d’émissions de gaz à effet de serre, et la sécurisation des financements associés à ces démarches. En collaborant étroitement avec les agriculteurs, ils assurent un suivi technique et administratif, tout en garantissant la conformité des projets avec les référentiels en vigueur.
Co-bénéfices environnementaux
Le stockage du carbone dans les sols génère une multitude de co-bénéfices significatifs, tant pour l’environnement que pour l’agriculture. L’augmentation du taux de matière organique améliore la fertilité des sols, leur capacité de rétention en eau et leur résistance à l’érosion. Ce stockage contribue également à l’atténuation du changement climatique en séquestrant du CO₂ atmosphérique de manière durable.
La qualité de l’eau et de l’air s’améliore grâce à la réduction des intrants et à une gestion plus efficiente de leur usage. La limitation des pertes d’azote vers les nappes phréatiques et les cours d’eau participe à la protection des ressources hydriques. Parallèlement, la baisse des émissions d’ammoniac contribue à une meilleure qualité de l’air et à la prévention de l’eutrophisation des milieux aquatiques.
La biodiversité bénéficie pleinement des pratiques agricoles telles que la diversification des rotations et la réduction du travail du sol. Les cultures intermédiaires et les couverts permanents créent des habitats favorables et fournissent des ressources alimentaires pour la faune auxiliaire. En réduisant les perturbations du sol, on favorise le développement de la vie biologique et la diversité des organismes telluriques, renforçant ainsi la résilience des agroécosystèmes.
La réduction des émissions de gaz à effet de serre en grandes cultures nécessite une approche systémique intégrant innovations techniques, accompagnement économique et transformation des pratiques vers des pratiques durables. Si les solutions existent, leur généralisation dépendra de la capacité collective à surmonter les obstacles techniques, économiques et sociaux identifiés. L’enjeu consiste à construire des systèmes agricoles durables, capables de nourrir la population tout en préservant le climat et l’environnement pour les générations futures.
À ce titre, Oklima accompagne les agriculteurs dans la mise en œuvre et le financement de pratiques agricoles vertueuses, contribuant activement à la lutte contre le dérèglement climatique. Ces initiatives sont soutenues par des entreprises engagées, soit dans le cadre de la décarbonation de leur scope 3 au sein de leur chaîne de valeur, soit en dehors de celle-ci, dans une logique de contribution climatique volontaire.
Ces projets agricoles bas carbone permettent de générer des co-bénéfices environnementaux, économiques et sociaux à l’échelle des territoires. En valorisant les efforts des agriculteurs, Oklima favorise une transition agroécologique durable, tout en renforçant le lien entre le monde agricole et les acteurs économiques engagés pour la neutralité carbone mondiale.
Grâce à une méthodologie rigoureuse et transparente, les projets développés par Oklima garantissent la traçabilité des réductions ou séquestrations d’émissions, tout en allant au-delà des standards de qualité du marché carbone volontaire.