Net zero émissions : les 3 piliers de la Net Zero Initiative

Selon le sixième rapport du GIEC de mars 2023, la neutralité carbone doit être atteinte d’ici 2050 pour maintenir le réchauffement climatique à 1,5°C [1]. Cela signifie que les émissions humaines de gaz à effet de serre (GES) doivent être réduites autant que possible, en complément de mesures d’absorption, pour atteindre les objectifs de réduction de l’Accord de Paris. C’est le sens de l’expression « Net zero émissions ».

L’échéance approchant à grand pas, il est essentiel que de plus en plus d’entreprises adhèrent à la démérche Net Zero Initiative. Lancée en 2018 par Carbone 4, cette initiative a été développée en collaboration avec des partenaires et un conseil scientifique de haut niveau, composé d’experts tels que Jean-Marc Jancovici (The Shift Project), Michel Colombier (IDDRI) et Olivier Boucher (Institut Pierre-Simon Laplace).

En effet, cette initiative propose un cadre complet aux entreprises et aux acteurs mondiaux, offrant une approche plus globale de la neutralité carbone. Elle réoriente les actions climatiques vers :

  • La réduction active des émissions,
  • La décarbonation réelle des activités,
  • L’augmentation des puits de carbone.

Pour une transition réussie vers le « net zero emissions », ces trois piliers doivent être étroitement liés, chaque levier impactant les autres, et actionnés simultanément. Cela suppose une redéfinition en profondeur du zéro carbone.

Forêt et champ illustrant la séquestration du carbone pour atteindre le net zero

Repenser la neutralité carbone : au-delà de mesurer, réduire, compenser

Le modèle traditionnel de « mesurer, réduire, compenser » ne se suffit plus à lui-même dans la lutte pour retrouver une planète sobre en carbone. Dans le contexte actuel d’urgence, il devient évident qu’appliquée isolément, cette méthode, adoptée par beaucoup de compagnies, a ses limites.

Tout d’abord, elle opère à l’échelle de l’entreprise, négligeant ainsi l’impact global sur les émissions mondiales. De plus, elle s’appuie largement sur la compensation carbone, parfois utilisée comme une excuse pour éviter de réduire les émissions à la source. Enfin, cette approche omet certains secteurs ou postes d’émissions cruciaux, tels que les émissions indirectes liées à la chaîne d’approvisionnement (scope 3) et les émissions souvent sous-estimées ou ignorées, à savoir, par exemple, les émissions de méthane ou celles associées à la gestion de la fin de vie des produits,

Face à ces défis, la Net Zero Initiative (NZI) propose une approche plus rigoureuse et proactive. Elle encourage les entreprises à aller au-delà de la simple mesure et compensation, en mettant en place des stratégies de décarbonation solides, en réduisant drastiquement leurs émissions et en contribuant activement à la neutralité carbone d’ici 2050.

Infographie présentant les 3 piliers de la Net Zero Initiative : réduire les émissions, réduire chez les autres, augmenter les puits de carbone

Ressources

Mise en œuvre de la CSRD : source d’opportunités pour la biodiversité ?

En déclin depuis plusieurs années en raison des activités humaines, la biodiversité est récemment devenue un enjeu central des débats environnementaux, financiers et sociaux. En effet, une récente étude de la Banque Centrale Européenne (BCE) révèle que 75 % des prêts accordés sont destinés à des entreprises dont la dépendance à la biodiversité est cruciale.

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Premier pilier : réduire les émissions (scope 1+2+3)

Le pilier A se concentre sur la réduction des émissions directes et indirectes de GES au sein d’une entité. Il vise à quantifier annuellement ces « émissions induites » dans la chaîne de valeur de l’organisation, exprimées en tonnes d’équivalent CO2 (eqCO2)[2].

La méthodologie internationale de comptabilité carbone GHG Protocol[3] divise les émissions en trois catégories : le scope 1 regroupe les émissions directes provenant des sources détenues ou contrôlées par l’entreprise, comme les installations industrielles ou la flotte de véhicules. Le scope 2 couvre les émissions indirectes liées à la production d’énergie achetée, telle que l’électricité ou la chaleur. Enfin, le scope 3, plus vaste, inclut toutes les autres émissions indirectes qui ne sont pas couvertes par le scope 2, comme celles issues des chaînes d’approvisionnement, des déplacements professionnels ou de l’usage des produits vendus

Pour fixer des objectifs de réduction alignés sur la trajectoire de l’Accord de Paris, plusieurs référentiels sont disponibles, dont la Science-based Targets Initiative (SBTI)[4]. Cette initiative encourage les organisations à se fixer des objectifs de réduction des émissions conformes à la science climatique, à savoir maintenir l’élévation de la température mondiale bien en dessous de 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle, tout en continuant à viser une limitation à 1,5 °C.

Une fois les objectifs de réduction établis, il est essentiel de piloter efficacement ces réductions dans le temps. À cet égard, l’initiative Assessing Low-Carbon Transition (ACT), portée par l’ADEME et le Carbon Disclosure Project (CDP), propose des référentiels sectoriels pour évaluer l’alignement de la stratégie bas-carbone d’une entreprise avec les objectifs de l’Accord de Paris.

Cette évaluation va au-delà de la simple fixation d’objectifs ambitieux. Elle tient compte des choix d’investissements, de la performance carbone des produits, de la gestion de la question climatique dans l’entreprise, des relations avec les parties prenantes et de l’adoption de nouveaux modèles commerciaux.

Deuxième pilier : contribuer à réduire les émissions « chez les autres »

Le pilier B consiste à valoriser les contributions invisibles tout en évitant les écueils de la « compensation carbone ». Il se concentre sur les actions prises par une entreprise pour réduire les émissions de gaz à effet de serre en dehors de sa propre chaîne de valeur. Cela inclut le financement de projets de réduction d’émissions et la commercialisation de produits et services bas-carbone.

Certaines de ces actions peuvent consister à acheter des crédits carbone sur le marché volontaire ou à financer directement des projets de réduction d’émissions. Ces crédits carbone sont une première étape vers l’engagement de l’entreprise dans des projets de réduction d’émissions. Toutefois, pour que cet engagement soit efficace, il est essentiel que les projets financés soient rigoureusement sélectionnés et certifiés par des standards fiables tels que le Label bas carbone. Ce label, développé en France, garantit que les projets de réduction d’émissions respectent des critères stricts, en assurant la traçabilité et la transparence des résultats.

Aller plus loin : Comprendre le rôle du crédit carbone 

D’autres actions consistent à commercialiser des produits et services bas-carbone qui remplacent des solutions plus émettrices chez les clients. Par exemple, une entreprise qui commercialise des véhicules bas-carbone pourrait contribuer à la réduction des émissions de ses clients.

Cependant, ces réductions d’émissions ne se traduisent pas nécessairement par une baisse des émissions dans le scope 3, car cela dépend de plusieurs facteurs. D’une part, la croissance de l’entreprise elle-même peut générer des émissions supplémentaires si la production augmente. D’autre part, la quantité de produits vendus est un indicateur essentiel : même si chaque produit est plus écologique, une augmentation significative des ventes peut neutraliser ces gains en efficacité. Il est donc indispensable de suivre de près la performance carbone des produits tout au long de leur cycle de vie et de s’assurer que les gains réalisés ne soient pas annulés par un effet de rebond, c’est-à-dire une hausse globale des émissions en raison de la croissance de la demande.

L’objectif de ce pilier est donc de quantifier de manière rigoureuse les contributions positives aux réductions d’émissions réalisées chez d’autres acteurs, qu’elles aient lieu dans la chaîne de valeur de l’entreprise ou en dehors.

Troisième pilier : augmenter les puits de carbone

Le pilier C encourage les organisations à évaluer et à renforcer leur contribution à l’augmentation des puits de carbone à l’échelle mondiale. L’objectif est de retirer du carbone de l’atmosphère, afin de diminuer la concentration de CO2. Les entreprises sont incitées à prendre ces mesures à la fois au sein de leur propre chaîne de valeur et en dehors, par exemple, en finançant des projets de reforestation, de gestion des sols ou de captage de carbone.

Dans leur chaîne de valeur, elles peuvent développer leurs propres puits de carbone en plantant plus d’arbres, en restaurant des écosystèmes dégradés ou en adoptant des technologies de capture du carbone.

En dehors de leur chaîne de valeur, les entreprises sont encouragées à investir dans des projets de séquestration du carbone, tels que des opérations de boisement ou de reboisement, la restauration d’écosystèmes et des pratiques agricoles durables, qui permettent non seulement de capter le CO2, mais aussi de renforcer la biodiversité et de soutenir les communautés locales.

En choisissant ces initiatives, les entreprises contribuent activement à la création de puits de carbone tout en répondant aux enjeux de développement durable, tels que la protection des sols et la régénération des forêts.

Pour mettre en œuvre ce pilier, les entreprises suivent une méthodologie en trois étapes essentielles. Tout d’abord, elles mesurent chaque année les émissions négatives[5], à la fois au sein de leur chaîne de valeur et celles qui résultent de leurs projets financés. Ensuite, elles se fixent des objectifs ambitieux pour augmenter leurs absorptions de carbone, alignés avec les efforts collectifs nécessaires pour lutter contre le dérèglement climatique. Enfin, elles assurent un suivi dynamique de leurs performances, surveillant leur progression par rapport aux trajectoires fixées.

Agissez avec Oklima pour un avenir neutre en carbone

Vous l’aurez compris, au-delà des méthodes classiques qui consistent à mesurer, réduire et compenser les émissions, il est urgent de s’engager avec ambition et pragmatisme dans la réduction des émissions, sans négliger aucun des piliers identifiés par la Net Zero Initiative.

En tant que filiale du groupe EDF dédiée à la contribution carbone de qualité, Oklima a rejoint l’approche NZI et vous donne la possibilité de jouer un rôle central dans la lutte contre le changement climatique. Notre mission consiste à vous accompagner, au-delà de votre chaîne de valeur, au développement de projets de préservation et de restauration de puits de carbone et de biodiversité en France et à l’international. Nous collaborons étroitement avec les acteurs locaux, les collectivités et les entreprises pour concevoir des solutions durables et adaptées.

Ensemble, explorons les moyens par lesquels vous pouvez contribuer de manière significative à la neutralité carbone.

Notes de référence

[1] The Shift Project : Synthèse vulgarisée du 6è rapport du GIEC

[2] Cet indice simplifie la comparaison des impacts environnementaux des gaz à effet de serre et permet leur cumul grâce à un seul indicateur

[3] La méthodologie internationale de comptabilité carbone, le GHG Protocol, a été développée entre 1998 et 2011 par le World Resources Institute (WRI) et le World Business Council for Sustainable Development (WBCSD). Ce protocole est devenu une référence mondiale pour la mesure et la gestion des émissions de gaz à effet de serre

[4] L’initiative SBTi a été créée en 2015 en partenariat avec le Carbon Disclosure Project, le Pacte mondial des Nations Unies, le World Resources Institute (WRI) et le Fonds mondial pour la nature (WWF). Il permet aux entreprises à définir des objectifs de décarbonation alignés avec la science pour limiter idéalement le réchauffement climatique à +1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle

[5] Les émissions négatives vont au-delà de la simple réduction en cherchant à retirer activement les gaz à effet de serre déjà présents dans l’atmosphère, contribuant ainsi à compenser les émissions positives (qui libèrent du gaz à effet de serre dans l’atmosphère)

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