Premier pilier : réduire les émissions (scope 1+2+3)
Le pilier A se concentre sur la réduction des émissions directes et indirectes de GES au sein d’une entité. Il vise à quantifier annuellement ces « émissions induites » dans la chaîne de valeur de l’organisation, exprimées en tonnes d’équivalent CO2 (eqCO2)[2].
La méthodologie internationale de comptabilité carbone GHG Protocol[3] divise les émissions en trois catégories : le scope 1 regroupe les émissions directes provenant des sources détenues ou contrôlées par l’entreprise, comme les installations industrielles ou la flotte de véhicules. Le scope 2 couvre les émissions indirectes liées à la production d’énergie achetée, telle que l’électricité ou la chaleur. Enfin, le scope 3, plus vaste, inclut toutes les autres émissions indirectes qui ne sont pas couvertes par le scope 2, comme celles issues des chaînes d’approvisionnement, des déplacements professionnels ou de l’usage des produits vendus
Pour fixer des objectifs de réduction alignés sur la trajectoire de l’Accord de Paris, plusieurs référentiels sont disponibles, dont la Science-based Targets Initiative (SBTI)[4]. Cette initiative encourage les organisations à se fixer des objectifs de réduction des émissions conformes à la science climatique, à savoir maintenir l’élévation de la température mondiale bien en dessous de 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle, tout en continuant à viser une limitation à 1,5 °C.
Une fois les objectifs de réduction établis, il est essentiel de piloter efficacement ces réductions dans le temps. À cet égard, l’initiative Assessing Low-Carbon Transition (ACT), portée par l’ADEME et le Carbon Disclosure Project (CDP), propose des référentiels sectoriels pour évaluer l’alignement de la stratégie bas-carbone d’une entreprise avec les objectifs de l’Accord de Paris.
Cette évaluation va au-delà de la simple fixation d’objectifs ambitieux. Elle tient compte des choix d’investissements, de la performance carbone des produits, de la gestion de la question climatique dans l’entreprise, des relations avec les parties prenantes et de l’adoption de nouveaux modèles commerciaux.
Deuxième pilier : contribuer à réduire les émissions « chez les autres »
Le pilier B consiste à valoriser les contributions invisibles tout en évitant les écueils de la « compensation carbone ». Il se concentre sur les actions prises par une entreprise pour réduire les émissions de gaz à effet de serre en dehors de sa propre chaîne de valeur. Cela inclut le financement de projets de réduction d’émissions et la commercialisation de produits et services bas-carbone.
Certaines de ces actions peuvent consister à acheter des crédits carbone sur le marché volontaire ou à financer directement des projets de réduction d’émissions. Ces crédits carbone sont une première étape vers l’engagement de l’entreprise dans des projets de réduction d’émissions. Toutefois, pour que cet engagement soit efficace, il est essentiel que les projets financés soient rigoureusement sélectionnés et certifiés par des standards fiables tels que le Label bas carbone. Ce label, développé en France, garantit que les projets de réduction d’émissions respectent des critères stricts, en assurant la traçabilité et la transparence des résultats.
D’autres actions consistent à commercialiser des produits et services bas-carbone qui remplacent des solutions plus émettrices chez les clients. Par exemple, une entreprise qui commercialise des véhicules bas-carbone pourrait contribuer à la réduction des émissions de ses clients.
Cependant, ces réductions d’émissions ne se traduisent pas nécessairement par une baisse des émissions dans le scope 3, car cela dépend de plusieurs facteurs. D’une part, la croissance de l’entreprise elle-même peut générer des émissions supplémentaires si la production augmente. D’autre part, la quantité de produits vendus est un indicateur essentiel : même si chaque produit est plus écologique, une augmentation significative des ventes peut neutraliser ces gains en efficacité. Il est donc indispensable de suivre de près la performance carbone des produits tout au long de leur cycle de vie et de s’assurer que les gains réalisés ne soient pas annulés par un effet de rebond, c’est-à-dire une hausse globale des émissions en raison de la croissance de la demande.
L’objectif de ce pilier est donc de quantifier de manière rigoureuse les contributions positives aux réductions d’émissions réalisées chez d’autres acteurs, qu’elles aient lieu dans la chaîne de valeur de l’entreprise ou en dehors.