Tout ce qu’il faut savoir sur le Label bas-carbone en agriculture

21 %, c’est la part des émissions de gaz à effet de serre en France imputée à l’agriculture et la sylviculture, plaçant ce secteur en  deuxième position derrière les transports et devant l’industrie[1]. Coopératives, chambres d’agriculture, conseillers indépendants, négociants, associations, organismes de conseil en élevage et services agricoles contribuent tous à ces émissions.

Cette donnée a de quoi préoccuper les professionnels de l’agriculture engagés pour une planète vivable : comment les exploitations agricoles peuvent-elles atténuer leur impact et contribuer de manière significative à la lutte contre le changement climatique ? Comment peuvent-elles atteindre cet objectif tout en préservant la pérennité de leur activité ?

Pour répondre à ces questions cruciales, explorons la manière dont le Label bas-carbone agricole peut vous permettre de concilier vos objectifs environnementaux et économiques de manière durable.

Élevage de vaches dans le cadre du label bas carbone agriculture

Comprendre le label bas-carbone

Instauré par le Ministère de la Transition Écologique en 2018, le Label bas-carbone a été créé dans le but de certifier des initiatives bas-carbone dans divers secteurs, notamment l’agriculture, la sylviculture, la construction, le transport, etc., avec l’objectif de réduire les émissions de gaz à effet de serre, de les éviter ou de stocker du carbone. Sa visée fondamentale est de contribuer à  atteindre la neutralité climatique à l’échelle planétaire d’ici 2050, un objectif inscrit dans la législation européenne.

Dans le secteur agricole, le label bas-carbone inclut six méthodes validées par la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC). Les projets doivent suivre ces méthodes pour bénéficier du label.

Comment cela fonctionne-t-il ? Schématiquement, les agriculteurs mettent en place les bonnes pratiques des méthodes choisies pour réduire les émissions ou séquestrer du carbone. Une fois les réductions mesurées, ils les font valider par des organismes indépendants, ce qui leur permet d’obtenir des crédits carbone.

Chaque crédit représente une tonne équivalent CO2 (eq CO2) évitée ou stockée. Ces crédits peuvent ensuite être vendus sur le marché du carbone. Il s’agit d’un mécanisme financier incitant fortement à l’adoption de pratiques durables qui bénéficient à la fois à l’environnement et à la société. Les agricultures et ceux qui les financent contribuent ainsi à l’objectif global de réduction des émissions à l’échelle nationale et internationale.

Pour en savoir plus : Le rôle du crédit carbone contre les émissions mondiales de CO2

Infographie illustrant le mécanisme de certification carbone pour le label bas carbone en agriculture

Les méthodes du Label bas carbone en agriculture

Dans le secteur agricole, le Label bas-carbone couvre actuellement six méthodes validées par la Direction générale de l’énergie et du climat (DGEC). Une méthode désigne un ensemble de directives et de pratiques spécifiques. Elle est élaborée dans le but de mettre en œuvre des leviers de réductions d’émissions de GES ou de séquestration du carbone dans un secteur spécifique.

Chaque méthode détaille les critères, les données nécessaires et les étapes à suivre pour évaluer et quantifier l’impact environnemental d’un projet bas carbone.

Méthode

Projets éligibles

Leviers d’atténuation du changement climatique (liste non exhaustive)

CarbonAgri

Élevages bovins et grandes cultures

Amélioration des pratiques de gestion des cultures, amélioration de la gestion et de l’alimentation du troupeau, baisse de la consommation d’engrais et d’énergie

Haies

Exploitations agricoles avec des haies

Plantation de haies, entretien durable des haies bocagères pour augmenter la séquestration de carbone en se basant sur le plan de gestion durable des haies (PGDH)

Plantation de vergers

Création de nouveaux vergers

Plantation d’arbres fruitiers pérennes (verger) sur une parcelle actuellement non cultivée à cet effet

SOBAC’ECO TMM

Réduction de l’usage d’intrants synthétiques et organiques achetés par les exploitations agricoles

Diminution de l’utilisation des intrants agricoles synthétiques et organiques, tout en garantissant un niveau de production équivalent

Ecométhane

Élevages de bovins laitiers

Amélioration de l’alimentation des bovins pour réduire les émissions de méthane, gestion des déjections animales

Grandes cultures

Exploitations de grandes cultures

Réduction de la consommation de combustibles fossiles, stockage de carbone dans les sols, insertion des légumineuses fixatrices d’azote dans la rotation

Les étapes à suivre pour la labellisation

Pour les projets agricoles, le Label bas-carbone suit un processus en plusieurs étapes, au cours duquel les porteurs de projets peuvent se faire accompagner par les conseillers des Chambres d’agriculture, des coopératives et d’autres opérateurs qu’ils peuvent mandater.

  1. Diagnostic initial : le porteur de projet réalise un diagnostic initial de son exploitation ou de son projet. Ce diagnostic vise à estimer le niveau d’émissions de gaz à effet de serre (GES) et le potentiel de stockage carbone à l’échelle de l’exploitation ou du projet. Oklima, société experte en contribution carbone de qualité, peut vous accompagner sur cette étape.
  2. Élaboration d’un plan d’actions : sur la base des résultats du diagnostic initial, le porteur de projet élabore un plan d’actions. Ce plan détaille les mesures et les leviers spécifiques à mettre en œuvre pour réduire les émissions de GES ou augmenter le stockage de carbone tout en maintenant la performance économique de l’exploitation.
  3. Notification : les porteurs de projets agricoles ou forestiers intéressés s’inscrivent au processus de certification du Label bas-carbone. Cette étape initiale permet d’exprimer l’intérêt à participer au programme. Oklima peut se charger de cette démarche pour en assurer la conformité.
  4. Mise en place des leviers : les actions définies dans le plan d’actions sont mises en œuvre pour réduire les émissions de GES ou augmenter le stockage de carbone. Ces leviers peuvent inclure des techniques agricoles améliorées, des plantations ou des changements de pratiques de gestion.
  5. Soumission pour labellisation : le porteur de projet soumet les résultats de son diagnostic final ainsi que les preuves des actions entreprises pour réduire les émissions ou augmenter le stockage de carbone. Cette soumission est examinée par les organismes de certification compétents. Là encore, Oklima vous soutient dans la préparation et la soumission du dossier.
  6. Validation et attribution du label : après une évaluation minutieuse, l’organisme de certification valide le projet et attribue le Label bas-carbone Agricole si toutes les exigences sont remplies avec succès.
  7. Réalisation d’un diagnostic final : une fois les actions mises en place, un diagnostic final est réalisé pour quantifier les progrès réalisés en matière d’émissions et de stockage carbone à l’échelle de l’exploitation ou du projet. Oklima vous assiste dans cette évaluation finale.
  8. Publication et rétribution : une fois certifié, le projet est publié sur le site du Label bas-carbone. Grâce aux crédits carbone générés par le projet, les porteurs de projet peuvent accéder à des financements d’entreprises volontaires engagées pour le climat.

Label bas-carbone : quels avantages pour les agriculteurs ?

Vue aérienne de champs agricoles potentiellement éligibles au label bas carbone agriculture

Le premier avantage réside dans l’assurance d’avoir un impact significatif grâce à l’application de méthodes crédibles et vérifiées. Ces approches sont élaborées en partenariat avec divers acteurs experts, parmi lesquels des instituts de recherche et des organisations du secteur.

Parallèlement à la réduction des émissions, le label bas-carbone offre une opportunité essentielle pour les porteurs de projets certifiés : générer des crédits carbone

Pour que ces crédits carbone soient validés et vendus sur le marché volontaire du carbone, plusieurs conditions doivent être remplies :

  • Mesurabilité : les réductions d’émissions doivent être mesurées de manière précise et sur la base d’une méthodologie reconnue.
  • Vérifiabilité : un auditeur indépendant doit vérifier annuellement les économies de GES réalisées par le projet.
  • Permanence : les réductions d’émissions doivent être maintenues sur une période de temps définie, généralement au moins 7 ans.
  • Additionnalité : les réductions doivent être additionnelles, c’est-à-dire qu’elles n’auraient pas eu lieu sans l’intervention du projet et les revenus générés par la vente des crédits carbone.

Une fois ces conditions remplies et les crédits carbone validés, ils peuvent être vendus sur le marché volontaire du carbone. Ce marché se destine aux entreprises et autres entités déjà engagées dans la réduction de leurs émissions de GES. Elles ont la possibilité de devenir moteurs du changement et ainsi lutter davantage et durablement pour notre planète, en finançant les projets bas carbone via l’achat des crédits carbone.

La transition agricole est en cours, avec un engagement croissant du secteur vers des pratiques plus respectueuses de l’environnement et la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Investisseurs, mandataires et opérateurs de la contribution carbone luttent ensemble contre le changement climatique tout en accélérant la transition des fermes vers des pratiques plus durables.

Ressources

Dévastée par une tornade, la forêt de Saint-Nicolas de Bourgueil retrouve vie petit à petit

Nichée au cœur de l’Indre-et-Loire, la forêt de Saint-Nicolas de Bourgueil a été durement frappée en 2021 par le passage d’une tornade. Compte tenu de la violence de l’épisode, avec des vents estimés entre 175 et 220 km/h, et de l’ampleur des dégâts infligés aux écosystèmes — près de 2 200 hectares dévastés — la mairie a souhaité engager un projet de restauration de cette forêt gravement endommagée. Dans ce contexte, EDF DPNT a cofinancé un projet de reboisement de 31 hectares, développé par Oklima, en collaboration avec l’ONF (Office National des Forêts).

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Les friches agricoles en France : un défi territorial à transformer en opportunité

La France est confrontée à une augmentation significative des friches agricoles, témoins d’une déprise rurale liée à l’abandon prolongé de certaines terres. Ces espaces inactifs, souvent peu ou plus entretenus, soulèvent des enjeux majeurs en matière d’aménagement du territoire, de biodiversité et de transition écologique.

Loin d’être de simples zones délaissées, les friches agricoles représentent une opportunité stratégique pour repenser l’usage des sols. Elles se situent au croisement d’enjeux économiques, sociaux et environnementaux, et appellent à des solutions innovantes.

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Les haies, alliées de la transition écologique : comment réintégrer ces écosystèmes dans nos paysages agricoles ?

Longtemps marginalisées, voire arrachées au nom de la modernisation agricole, les haies ont peu à peu disparu des campagnes françaises, laissant place à des paysages plus uniformes… mais aussi plus vulnérables.

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Décarbonation du Scope 3 dans l’agriculture : bâtir des chaînes d’approvisionnement durables

Responsable d’environ 21 % des émissions de gaz à effet de serre en France [1] et de 26 % à l’échelle mondiale [2], l’agriculture est à la fois un moteur des dérèglements climatiques… et l’une de leurs premières victimes. Sécheresses, inondations, maladies émergentes, appauvrissement des sols : les effets du changement climatique menacent directement sa capacité à nourrir durablement les populations.

Dans la perspective de l’atteinte de la neutralité carbone à horizon 2050 en France, le système alimentaire doit relever un triple défi climatique : réduire au maximum les émissions de gaz à effet de serre qu’il engendre, augmenter le stockage de carbone dans les sols agricoles, tout en se préparant à un climat plus chaud de +2 °C à court terme et possiblement de +4 °C à plus long terme[2] .

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Vous êtes un porteur de projet bas carbone ?

Filiale du groupe EDF, Oklima accompagne les projets bas carbone dans l'obtention de leur certification carbone et de financements. De plus, nous conseillons les entreprises sur leur contribution carbone, en finançant des projets en France et à l’international

Note de référence

[1] Ministère de l’Agriculture et de l’alimentation souveraine : Le secteur agricole et forestier est à la fois émetteur et capteur de gaz à effet de serre

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