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Comment le Label bas carbone en agriculture peut-il contribuer à réduire les émissions de GES ?
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Selon les experts du GIEC, il nous faudra limiter le réchauffement climatique à +1,5°C au-dessus des niveaux préindustriels pour atteindre la neutralité carbone au niveau mondial d’ici 2050. On comprend dès lors l’importance d’agir sans attendre pour réduire nos émissions et compenser les émissions résiduelles pour parvenir au zéro émission nette global.
Quelles actions concrètes les entreprises peuvent-elles mettre en œuvre pour réduire leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) et contribuer à la neutralité carbone à l’échelle de la planète ? Quelles sont les étapes à suivre pour améliorer son impact environnemental en tant que société privée ? Quelles initiatives nationales et mondiales sur lesquelles s’appuyer ? Décryptons ensemble les enjeux, les bonnes pratiques et les pistes pour un avenir plus durable.
La neutralité carbone repose sur un équilibre entre les émissions anthropiques de dioxyde de carbone (CO2) et les absorptions de CO2 [1]. Ainsi, pour parvenir à l’objectif zéro émission nette à l’échelle globale d’ici 2050 et stopper l’accumulation de CO2 atmosphérique, deux actions sont nécessaires.
Premièrement, réduire les émissions de CO2. Cela implique une diminution drastique des rejets de GES provenant des activités humaines (énergies fossiles, déforestation, agriculture intensive, industrie, déchets solides…) Il s’agit d’un défi colossal qui nécessite des transformations sociotechniques profondes.
Deuxièmement, augmenter les puits de carbone, qui absorbent le CO2 de l’atmosphère. Notamment par la reforestation favorisant la biodiversité, l’agriculture via des pratiques agricoles innovantes ou en investissant dans des solutions technologiques favorisant le stockage de carbone.
Pour comprendre l’importance de cette démarche, il est essentiel de saisir l’ampleur du réchauffement climatique. D’après l’Agence internationale de l’énergie (AIE) [2], les émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie fossile ont augmenté de 0,9 % en 2022, soit 321 millions de tonnes, atteignant un nouveau record de plus de 36,8 milliards de tonnes. Cette augmentation constante des émissions contribue directement aux évènements climatiques extrêmes tels que les canicules, les tempêtes et les inondations.
Le coût économique du dérèglement climatique est tout aussi alarmant. En 2021, selon une étude publiée par l’ONG britannique Christian Aid, les événements climatiques ont engendré au moins 150 milliards d’euros de perte déclarées par les compagnies d’assurance dans diverses régions du monde, soit presque 20 milliards de plus que l’année précédente [3].
« Les phénomènes météorologiques extrêmes, de plus en plus fréquents dans un climat qui se réchauffe, ont des répercussions majeures sur la santé humaine, les écosystèmes, l’économie, l’agriculture, l’énergie et l’approvisionnement en eau. Il est donc de plus en plus urgent de réduire les émissions de gaz à effet de serre aussi rapidement et aussi profondément que possible »
Petteri Taalas, secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale (OMM)
Le 6e rapport de synthèse du GIEC (mars 2023) insiste sur le fait que tous les secteurs doivent réduire drastiquement et immédiatement leurs émissions de GES. De fait, de nombreuses entreprises contribuent à leur niveau à cette réduction, à commencer par le secteur de l’énergie. Le Global Wind Energy Council a observé une croissance rapide de l’investissement mondial dans des énergies propres, avec 10,6 % de capacité éolienne en plus en 2020. De même, la mobilité durable émerge, soutenue par les 10 millions de véhicules électriques en circulation dans le monde en 2020, selon le Global EV Outlook 2021.
Mais ces « premiers gestes » à fort impact ne suffiront probablement pas à neutraliser les émissions mondiales de GES, si l’on en croit le GIEC : « Les émissions mondiales de gaz à effet de serre continuent d’augmenter, avec des contributions historiques et en cours inégales résultant d’une utilisation insoutenable de l’énergie, de l’utilisation des terres et des changements d’utilisation des terres, des modes de vie et des modèles de consommation et de production dans les régions, entre et au sein des pays, et parmi les individus. » [4]
En d’autres termes, d’autres leviers devront être activés de manière stratégique, en respectant 3 étapes cruciales : mesurer, réduire, contribuer.
La première étape consiste à mesurer l’empreinte carbone complète de l’entreprise, en additionnant les émissions des trois premiers Scopes cartographiés par le GHG Protocol [5], à savoir :
Cette quantification rigoureuse des émissions directes et indirectes peut être réalisée en utilisant des outils de mesure tels que le Bilan Carbone®, le GHG Protocol ou l‘ISO 14064 [6].
Une fois les émissions identifiées, l’entreprise doit élaborer une stratégie pour réduire ces émissions à la source. Cela implique l’adoption de technologies plus propres, l’optimisation des processus, l’amélioration de l’efficacité énergétique et la transition vers des sources d’énergie renouvelable. L’objectif est de minimiser autant que possible les émissions.
Bien que la diminution des émissions soit nécessaire, il peut être difficile pour une firme de les réduire complètement. Après avoir réduit ses émissions, elle peut alors choisir de contribuer à réduire son empreinte résiduelle en investissant dans des projets qui captent ou réduisent des quantités équivalentes à celles émises. Cela peut inclure des projets de reforestation, de carbone bleu, d‘énergies renouvelables, d’efficacité énergétique…
Atteindre la neutralité carbone globale est un processus d’amélioration continu. Comme le dit l’ADEME, « Individuellement ou à leur échelle, les acteurs économiques, collectivités et citoyens ne sont, ni ne peuvent devenir, ou se revendiquer, ‘neutres en carbone’, l’atteinte d’une neutralité carbone arithmétique n’ayant pas de sens à leur échelle. »[7] Et parce que les émissions de GES ne connaissent pas de frontières, les entreprises comme les États doivent constamment réévaluer leurs émissions, mettre en œuvre de nouvelles stratégies de réduction et s’efforcer de maintenir leurs émissions au plus bas au fil du temps. Cela nécessite de suivre les progrès, de revoir les objectifs de réduction et d’ajuster les actions en conséquence.
Les salariés ont un rôle pivot à jouer en adoptant des comportements plus respectueux de l’environnement, en participant activement à la réduction des émissions de carbone, et en devenant de fervents promoteurs de la durabilité.
Pour ce faire, les entreprises peuvent mettre en œuvre diverses initiatives et programmes visant à sensibiliser et à mobiliser leur personnel en faveur de l’objectif de neutralité carbone globale de 2050. Il est crucial de fournir des informations solides et factuelles afin que vos collaborateurs comprennent pleinement l’importance de ces enjeux et la manière dont les actions de l’entreprise y contribuent.
Les outils de sensibilisation et d’engagement tels que les ateliers, les formations, et les défis collectifs s’avèrent être des moyens efficaces pour informer et mobiliser les employés. Un exemple concret est « La Fresque du climat », un jeu de cartes basé sur les conclusions scientifiques du GIEC. Depuis sa création en 2018, il a déjà rassemblé plus de 500 000 participants au sein de diverses entreprises. Créatif et collaboratif, ce jeu propose une approche à la fois divertissante et concrète pour appréhender les mécanismes du changement climatique.
Un autre exemple est l’atelier « 2tonnes », d’une durée de 3 heures en équipe, qui invite les participants à se projeter jusqu’en 2050. Ils découvrent ainsi les leviers individuels et collectifs de la transition vers une économie bas carbone, et identifient le rôle qu’ils souhaitent jouer. Le défi consiste à réduire les émissions de gaz à effet de serre à 2 tonnes équivalent CO2 par an et par habitant d’ici 2050, en ligne avec les objectifs de l’Accord de Paris. Cet atelier encourage une compréhension globale des enjeux climatiques et convie novices et experts à un débat constructif et ludique.
Dans la quête de la neutralité carbone, le cadre réglementaire international et européen offre un guide précieux pour aider les industries dans la transition vers une économie à faible intensité carbone.
L’Accord de Paris, issu de la COP21 en 2015, fixe l’objectif de maintenir le réchauffement climatique « nettement » en dessous de 2 degrés Celsius par rapport à la période de 1850 – 1900, avec une aspiration à 1,5 degré. Les pays signataires, dont la France, se sont engagés à réduire collectivement les rejets de GES par leurs activités économiques et leurs secteurs d’ici à 2030.
Avec son « Pacte vert pour l’Europe », l’Union européenne vise la neutralité carbone d’ici 2050. Les entreprises européennes sont ainsi directement concernées par les réglementations environnementales rigoureuses, notamment le Système d’Échange de Quotas d’Émissions de l’UE (SEQE), visant à plafonner les émissions des grandes installations industrielles. Certaines grandes entreprises doivent se conformer à ces quotas sous peine de sanctions financières.
Un marché volontaire des crédits carbone est également disponible pour toutes les entreprises, y compris les grandes. Cela permet de financer volontairement des projets avec impacts d’évitement et de séquestration certifiés par des labels reconnus.
En savoir plus sur le crédit carbone : Le rôle du crédit carbone dans la réduction des émissions mondiales de gaz à effet de serre
Les entreprises de taille moyenne à petite, non soumises au SEQE, peuvent également participer au marché carbone volontaire en investissant dans des crédits carbone ou en lançant leurs propres initiatives de réduction des émissions. Toutes les structures sont encouragées à intégrer ces réglementations et opportunités pour évoluer dans un monde tourné vers la durabilité et la neutralité carbone globale.
Les termes de « compensation carbone », « neutre en carbone », etc. sont aujourd’hui souvent décriés car ils peuvent renvoyer l’idée que l’on peut continuer à émettre des gaz à effet de serre sans avoir à réduire ses propres émissions : en achetant des crédits carbone ou en finançant des projets de réduction des émissions ailleurs, sans réellement s’engager dans des actions significatives pour réduire son empreinte carbone, comme si la compensation suffisait. Or une tonne de CO2 émise, même compensée conserve toujours un impact en termes de réchauffement climatique.
Le changement climatique étant un problème planétaire, il nécessite une réduction nette des émissions à l’échelle globale. De plus, il existe des préoccupations quant à la durabilité des projets de compensation. Les projets de reforestation, par exemple, pourraient être sujets à une déforestation ultérieure, ou avoir un impact négatif sur les populations locales, la sécurité alimentaire ou la biodiversité dans les régions où ces projets sont mis en œuvre.
Dans cette optique, la notion de « contribution carbone » est à préférer car elle encourage les entités à d’abord réduire leurs propres émissions de manière significative puis à contribuer de manière volontaire à la réduction de leurs émissions résiduelles en finançant des projets bas carbone réellement durables, plutôt que de simplement compenser leur empreinte carbone. La « contribution carbone » devient ainsi un pilier essentiel de la lutte contre le dérèglement climatique. À condition de garder à l’esprit que la neutralité carbone ne peut être appliquée qu’à l’échelle mondiale.
La Net Zero Initiative, lancée par Carbone 4 avec le soutien de l’ADEME, vise à répondre aux défis mondiaux du changement climatique. Son objectif principal est de combler un manque flagrant en termes de normes climatiques pour les entreprises engagées dans la contribution carbone, en se concentrant sur trois piliers fondamentaux :
Le référentiel de la Net Zero Initiative (NZI) va au-delà de la simple réduction des rejets de GES en introduisant des normes et des principes spécifiques. Voici comment il élargit la mesure de l’empreinte carbone des entreprises :
Non seulement il inclut les émissions directes et indirectes liées à la chaîne d’approvisionnement (Scopes 1, 2 et 3), mais il distingue d’une part les émissions évitées (Scope 4, à savoir les émissions que l’entreprise aide ses clients, fournisseurs ou partenaires à éviter), et, d’autre part, les émissions négatives (à savoir les actions entreprises pour retirer davantage de GES de l’atmosphère que ce que l’organisation elle-même émet, telles que les projets de séquestration du carbone). Cela permet d’avoir une vision plus holistique et d’inclure un éventail plus large d’activités.
Enfin, le référentiel NZI reconnaît l’importance des puits de carbone naturels et artificiels et incite les entreprises à soutenir ces puits, que ce soit par des investissements dans la préservation des forêts, la régénération des sols ou d’autres projets de captage du carbone.
Dans l’ensemble, les entreprises sont invitées à adopter une vision globale de la neutralité carbone, en reconnaissant leur responsabilité envers leurs propres émissions et en visant à contribuer à l’équilibre mondial entre les émissions et l’absorption de carbone.
Découvrir le référentiel NZI : https://www.net-zero-initiative.com/fr
Il s’agit d’un processus naturel qui consiste à capturer et stocker le dioxyde de carbone (CO2) présent dans l’atmosphère grâce à différents écosystèmes terrestres et aquatiques tels que les forêts, les sols, les océans et les zones humides. La séquestration naturelle joue un rôle crucial dans les stratégies visant à réduire les niveaux de CO2 dans l’atmosphère et à stabiliser le climat.
Parmi ces écosystèmes, les forêts se distinguent particulièrement en tant que réservoirs de carbone essentiels. Elles absorbent le CO2 atmosphérique par le biais de la photosynthèse, un processus par lequel les arbres et les plantes transforment le CO2 en matière organique. Cette biomasse stocke efficacement le carbone, contribuant ainsi à réduire la concentration de CO2 dans l’atmosphère.
Les projets de séquestration naturelle du carbone offrent aux entreprises une opportunité majeure d’atteindre les objectifs du Scope 4, qui visent à promouvoir la réduction des émissions qui se réalisent en dehors de leur périmètre d’activité. Ces projets, tels que la reforestation ou le stockage du carbone dans les sols, permettent de retirer du CO2 de l’atmosphère, contribuant ainsi à réduire les émissions nettes de GES. En apportant un soutien financier à la préservation des écosystèmes naturels, les entreprises renforcent les puits de carbone naturels et préservent ainsi les équilibres environnementaux essentiels à l’ensemble de la planète.
De plus, en se conformant aux réglementations sur les émissions de GES, les entreprises se prémunissent de sanctions financières potentielles et démontrent leur responsabilité juridique en matière d’environnement.
Vous l’aurez compris, la transition vers la neutralité carbone à l’échelle planétaire est une priorité que les entreprises doivent intégrer massivement, en réduisant activement leurs émissions de GES, en se conformant aux réglementations et en suivant les directives les plus alignées avec les Accords de Paris. À cet égard, la séquestration naturelle du carbone offre des opportunités considérables de contribuer à la stabilisation du système climatique mondial.
Oklima est la filiale d’EDF dédiée à la contribution carbone. Notre vocation est de vous offrir des projets de contribution carbone de haute qualité, parfaitement alignés sur la stratégie de Responsabilité Sociale des Entreprises (RSE) de chaque organisation.
Nos projets sont labellisés en France et à l’international, et se caractérisent par leur contribution significative à la préservation de la biodiversité, dans le respect des communautés locales.
Nous soutenons les entreprises et les collectivités dans leur démarche de contribution carbone et de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Notre approche rigoureuse et certifiée garantit la durabilité de nos initiatives. Rejoignez-nous dès aujourd’hui pour des solutions sur mesure, en vue de la neutralité carbone globale d’ici 2050.
Comment le Label bas carbone en agriculture peut-il contribuer à réduire les émissions de GES ?
Comment le Label bas carbone en agriculture peut-il contribuer à réduire les émissions de GES ?
Découvrez comment élaborer une stratégie de décarbonation pour réduire vos émissions de GES et soutenir des projets à impact positif.
Notes de référence
[1] Les gaz à effet de serre englobent divers gaz, dont le dioxyde de carbone (CO2) est le principal. Parfois, on utilise le terme « équivalent CO2 » (eqCO2) pour exprimer l’impact de ces gaz sous forme de CO2 pour faciliter les comparaisons et les calculs.
[2] AIE : Global CO2 emissions rose less than initially feared in 2022 as clean energy growth offset much of the impact of greater coal and oil use
[3] Christian Aid : Top 10 climate disasters cost the world billions in 2022
[4] Synthesis report of the IPCC sixth assessment report (AR6) ; « Global greenhouse gas emissions have continued to increase, with unequal historical and ongoing contributions arising from unsustainable energy use, land use and land-use change, lifestyles and patterns of consumption and production across regions, between and within countries, and among individuals. »
[5] Le GHG Protocol est une norme internationale qui vise à mesurer, gérer et rendre transparentes les émissions de gaz à effet de serre des secteurs public et privé pour encourager une action efficace contre le changement climatique.
[6] Le GHG Protocol couvre six principaux GES et trois scopes. Le Bilan Carbone est l’équivalent français, encourageant l’inclusion de toutes les activités de l’entreprise, la réduction des émissions, et offrant des outils d’accompagnement par l’ADEME. L’ISO 14064 est une norme fondée sur le GHG Protocol, exigeant une vérification tierce. Le choix dépend des besoins et de l’utilisation prévue des résultats de l’entreprise.
[7] ADEME : Utilisation de l’argument de « neutralité carbone » dans les communications
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