Accueil > Actualités > Captage et stockage technologique du CO2 : allié de taille face à l’urgence climatique ?
En 2024, la température moyenne mondiale dépassera pour la première fois +1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle[1]. Ce seuil a été franchi durant 15 des 16 derniers mois, ce qui met en péril les objectifs de l’Accord de Paris[2] sur le climat. Pour atteindre ces objectifs, désormais menacés, une réduction drastique des émissions mondiales de gaz à effet de serre est indispensable. Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat)préconise , d’ailleurs, une baisse de 70 à 80 % des émissions mondiales d’ici 2050, et une neutralité carbone en 2100[3] au plus tard.
Dans ce contexte d’urgence climatique, le gouvernement français a dévoilé les premiers contours du troisième Plan National d’Adaptation au Changement Climatique (PNACC3) pour adapter le pays à un réchauffement à +4 °C. Toutefois, cette réponse ne saurait suffire à elle seule. Les entreprises et les collectivités doivent également se mobiliser dans le développement de solutions durables.
Parmi les solutions proposées par le GIEC, le captage et stockage du CO2 (CCS) apparaît comme une option incontournable pour réduire les émissions carbone . Pour que les actions mises en place portent leurs fruits, il est primordial de les engager dès aujourd’hui. Cet article explore le rôle du CCS dans la décarbonation et ses perspectives d’avenir.
Pour contenir le réchauffement climatique sous les seuils de l’Accord de Paris, les solutions fondées sur la nature, bien qu’indispensables et efficaces pour séquestrer du carbone à grande échelle, montrent des limites face à l’ampleur des émissions actuelles. En 2023, les puits de carbone terrestres, dont les forêts et les sols, ont montré des signes préoccupants de saturation. Les forêts françaises, par exemple, ont absorbé deux fois moins de CO₂ qu’il y a dix ans, principalement en raison des sécheresses, des incendies et d’une prolifération de bioagresseurs.
Cette diminution de la capacité d’absorption a également été observée à l’échelle mondiale, notamment en Amazonie, où des sécheresses importantes au second semestre 2023 ont réduit l’efficacité des puits de carbone.
Or, le 6e rapport du GIEC, publié en 2023, a établi que le CCS a le potentiel de capturer jusqu’à 90 % des émissions directes des installations industrielles, et peut ainsi apporter une réponse complémentaire là où les méthodes naturelles de séquestration de carbone ne suffisent plus.
Certains secteurs industriels rencontrent des difficultés particulières à s’aligner sur les objectifs climatiques en raison de leurs procédés de production fortement énergivores, ce qui complique leur transition vers des modes de production plus durables.
En outre, ces secteurs dépendent souvent d’infrastructures lourdes, ce qui rend l’adoption de solutions décarbonées à la fois coûteuse et techniquement complexe.
Pour décarboner ces industries, le captage et le stockage géologique du CO₂ est une solution incontournable en complément d’autres options bas-carbone.
Néanmoins, il est nécessaire que cette technologie soit mise en place à grande échelle afin de porter ces fruits dans la lutte contre le dérèglement climatique. Son succès repose notamment sur une action concertée à tous les niveaux. Les pouvoirs publics, en collaboration avec les collectivités locales, doivent renforcer le cadre réglementaire, créer un environnement propice à l’innovation et favoriser la mise en œuvre de ces projets. Les entreprises, quant à elles, ont la responsabilité d’intégrer le CCS dans leurs stratégies et d’investir activement pour déployer ces solutions.
L’enjeu est de taille : sans un déploiement massif et rapide du CCS, en complément des solutions fondées sur la nature, les objectifs climatiques mondiaux risquent de demeurer hors de portée, compromettant ainsi les efforts pour limiter le réchauffement à 2°C.
En Europe, le CCS s’inscrit dans les objectifs climatiques ambitieux de l’Union européenne, qui visent une réduction des émissions de 55 % d’ici 2030 et la neutralité carbone à l’horizon 2050. En France, le gouvernement soutient activement le déploiement du CCS à travers des projets pilotes dans les zones industrialo-portuaires telles que Dunkerque, Fos-sur-Mer et Le Havre[7]. Ces « hubs industriels » pourraient permettre de capturer 4 à 8 millions de tonnes de CO₂ par an dès 2030. L’accès aux sites de stockage en mer du Nord est également une priorité stratégique, en attendant le développement de capacités nationales.
À l’échelle mondiale, les Nations Unies rappellent que pour limiter le réchauffement à 1,5 °C, il faudra capturer et stocker entre 1 et 10 milliards de tonnes de CO₂ chaque année d’ici 2050. Si ces technologies ne suffisent pas à elles seules, elles restent indispensables pour compenser les émissions carbone dans les scénarios les plus ambitieux du GIEC.
Adoptée en 2009 par le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne, la Directive 2009/31/CE régit le stockage géologique du CO2 en Europe et définit les exigences pour l’exploration, le stockage et la surveillance des sites géologiques. Elle garantit la sécurité environnementale et la durabilité des projets de captage et stockage du carbone (CCUS), en imposant des critères stricts pour les mesures et le suivi. Ces critères, essentiels pour évaluer l’efficacité des projets, sont mesurés à l’aide d’outils spécialisés et de protocoles rigoureux. Voici les principaux critères à mesurer :
Le rendement de capture du carbone mesure la proportion de CO₂ capté par rapport à celui généré. Elle est exprimée en pourcentage et doit être mesurée à chaque étape du processus. Des débitmètres et des capteurs de gaz (selon la méthode choisie : absorption amine, capture cryogénique, etc.) permettent de mesurer précisément la quantité de CO₂ captée en temps réel.
La capacité de stockage est la quantité de CO₂ qui peut être stockée en toute sécurité et de manière permanente dans une formation géologique. En France[8], par exemple, des sites comme ceux du Bassin parisien ou du Bassin aquitain ont été évalués pour leur capacité à stocker plusieurs millions de tonnes de CO₂. Ces estimations sont effectuées à partir de données géophysiques (sondages, études sismiques) et sont validées par des permis d’exploitation délivrés par les autorités nationales.
La Directive 2009/31/CE exige que les projets suivent des protocoles stricts pour assurer la durabilité du stockage, et soient soumis à des évaluations et à un suivi régulier. En complément, le cadre européen de certification, adopté en novembre 2024, élargit l’approche aux technologies comme la capture directe de l’air (DAC) et la bioénergie couplée au stockage du carbone (BECCS).
Ces projets doivent démontrer une réduction mesurable du carbone sur cinq ans pour être certifiés. Ce cadre, bien que volontaire, devient un levier pour encourager les efforts de décarbonation et faciliter l’intégration des crédits carbones dans les stratégies de contribution des entreprises.
Face à l’accélération de l’urgence climatique, les entreprises ont tout intérêt à intégrer le captage et le stockage du CO₂ dans leur stratégie de décarbonation, en complément des solutions fondées sur la nature. Ces technologies, cruciales pour réduire les émissions industrielles, offrent un potentiel transformateur, bénéfique tant pour leur compétitivité que pour la lutte contre le réchauffement climatique. Pour obtenir des résultats tangibles, il est essentiel de collaborer avec des partenaires de confiance, capables d’assurer la fiabilité des projets et leur alignement avec les objectifs climatiques mondiaux.
Oklima, filiale du Groupe EDF, est un acteur engagé dans cette dynamique. Spécialisés dans la contribution carbone de qualité, nous accompagnons les entreprises et collectivités dans le développement de projets ayant un impact positif sur le climat, la biodiversité et les sociétés. En partenariat avec Riverse, acteur reconnu dans la certification de crédits carbone et l’accompagnement des projets de décarbonation, Oklima identifie, sélectionne et soutient des projets qui visent à réduire efficacement les émissions de gaz à effet de serre, tout en respectant les normes internationales.
Notes de référence :
[1] Climate.copernicus.eu : il est pratiquement certain que 2024 sera l’année la plus chaude et la première à dépasser 1,5°C (Document Word)
[2] Pour rappel, l’Accord de Paris a pour objectif de limiter le réchauffement bien en dessous de +2 °C, avec un effort pour ne pas dépasser +1,5° C
[3] Novethic : L’Accord de Paris sur le climat
[4] Carbon4Finance : La chimie : une industrie dopée au pétrole (et au gaz)
[5] Polytechnique insights : Diviser par 10 les émissions de CO2 du ciment, c’est possible
[6] World Steel Association : Steelfacts
[7] Secrétariat général pour l’investissement (SGPI) : France 2030 | Annonce des zones industrialo-portuaires de Dunkerque et de Fos sur Mer
[8] Commission de régulation de l’énergie (CRE) : le captage et la chaîne de valeur du dioxyde de carbone
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